Il fut un temps où les voitures diesel étaient reines sur nos routes. En 2008, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’écologie, créait même un bonus malus en sa faveur, pour inciter à choisir cette motorisation moins émettrice de gaz à effet de serre. Grâce à ses mesures favorables, les ventes de véhicules neufs diesels représentaient, en France, 74 % du marché, selon selon le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). En 2017, cette part atteignait péniblement 48%.
Sortie de route pour les véhicules diesel
Car l’époque bénie du diesel est terminée. Désormais, il a mauvaise presse et attaqué de toute part sa côte dégringole. En 2012, alors que les ventes étaient largement majoritaires, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classe les gaz d’échappement des moteurs diesel comme cancérigènes. Puis, la chute s’accélère en 2015 avec le scandale du dieselgate, qui révèle les méthodes frauduleuses de Volkswagen et d’autres constructeurs pour réduire les émissions polluantes de leurs moteurs.
Le coup de grâce est désormais porté par le gouvernement qui a, depuis peu, rapproché la fiscalité du gazole à celle de l’essence. Et les mauvaises nouvelles continuent : Anne Hidalgo (maire de Paris) a annoncé l’interdiction complète de circuler des véhicules diesel dans Paris en 2024. Toutes ces mesures ont amené Carlos Tavares, patron de PSA, à déclarer : « Le diesel a gagné la bataille technologique, mais perdu la bataille politique ». Les Français quant à eux, après s’être détournés du diesel neuf, commencent à bouder les véhicules diesel d’occasion.
Les chiffres sont explicites. Selon les données d’AAA Data, en 2017, si le marché de l’occasion automobile connait une belle progression comparée à 2016 (105 073 véhicules supplémentaires vendus), les ventes de modèles diesel sont en baisse. Entre 2014 et 2017, cette motorisation a perdu 3 point de part de marché passant de 68 à 65% des ventes.
« Comme pour l’achat de véhicules neufs, les consommateurs se détournent de plus en plus du diesel en raison de la hausse de la fiscalité sur le gazole qui le rend de moins en moins attractif sur des courts trajets. A cela s’ajoute, la prise de conscience environnementale et la peur des interdictions de circulation prises par les grandes villes comme Paris. », Marie-Laure Nivot, Responsable Intelligence Marchés AAA-Data.
Les conséquences pour les propriétaires de véhicules diesel sont sans appel, un délai de vente qui s’allonge et un prix de vente en baisse. Ainsi, un Nissan Qashqai Tekna de 2015 pour un kilométrage compris entre 50 000 et 100 000 km se négociera en moyenne 2000 € de plus si elle est à essence.
Alors quel futur pour le diesel ?
La filière auto est en pleine mutation, PSA en est la preuve. D’ici à 2023, le constructeur affiche un objectif de vente de 80% des véhicules propres (électriques ou hybrides), idem pour Renault. Les modèles proposées à la vente, en 2022, en diesel ne représentera alors plus que 50 %.
Pour autant, les ventes ne vont pas totalement s’effondrer. Si la baisse va encore se poursuivre, les ventes de véhicules roulant au gazole devrait se maintenir aux alentours de 30%, car les usagers au kilométrage élevé (plus de 30 000) bénéficieront toujours des caractéristiques du diesel, et ce sera encore plus vrai si les prix à la pompe augmentent ostensiblement.
Notons que si les vendeurs ont le moral en berne, le malheur des uns fait le bonheur des autres. En effet, actuellement les acheteurs font de bonnes affaires ; plusieurs milliers d’euros pour un même véhicule, de quoi se laisser séduire par un diesel.